Les femmes qui donnent trop...
Quand aimer devient s’oublier : comprendre les femmes qui donnent trop
Certaines femmes aiment intensément. Elles donnent sans compter, parfois jusqu’à s’oublier. Non par faiblesse, mais par réflexe. Un geste inscrit profondément, souvent depuis l’enfance : aimer, c’est prendre soin, porter, réparer.
Mais dans cette générosité sans limites, se cache parfois une faille invisible. Une blessure ancienne. Une peur silencieuse : celle de ne pas être “assez” pour être aimée, simplement en étant soi.

1. Derrière le don, une stratégie d’attachement
Ce besoin de tout donner n’est pas un simple trait de caractère. Il peut être le reflet d’un style d’attachement anxieux, tel que défini par John Bowlby et Mary Ainsworth.
Ce type d’attachement se développe souvent chez l’enfant qui a perçu l’amour comme incertain, conditionnel, parfois instable.
Elle a appris :
“Si je fais assez, on restera. Si je suis sage, utile, aimante… on ne partira pas.”
À l’âge adulte, ce schéma continue de guider, sans même qu’on s’en rende compte. Elle donne, non par plaisir seulement, mais pour sécuriser le lien.
2. Ce que les relations déséquilibrées viennent révéler
Quand une femme donne trop, elle attire parfois ceux qui prennent sans rendre. Non pas toujours par malveillance, mais parce qu’elle laisse cette place ouverte.
Elle devient l’axe de la relation, celle qui soutient, qui gère, qui maintient l’équilibre.
Mais à quel prix ?
Fatigue émotionnelle. Doute de soi. Sentiment de vide.
Et souvent, une confusion : Pourquoi suis-je aussi investie dans quelque chose qui me fait souffrir ?
La réponse n’est pas dans l’autre. Elle est à l’intérieur.
3. Le mythe du sacrifice comme preuve d’amour
Dans l’imaginaire collectif, l’amour s’est souvent mêlé à la douleur, au mérite, au dépassement de soi.
Beaucoup de femmes ont grandi avec des modèles de femmes silencieuses, fortes, résilientes... mais invisibles.
Et si aimer ne signifiait pas se sacrifier ?
La psychologue Brené Brown rappelle que "la vulnérabilité saine commence là où l’on se respecte assez pour dire : 'Je mérite un amour où je peux rester entière'."
Poser une limite n’est pas refuser d’aimer. C’est choisir de ne pas se perdre dans l’amour de l’autre.
4. Guérir, ce n’est pas fermer son cœur – c’est lui redonner sa juste place
Guérir ne veut pas dire devenir froide ou distante.
Guérir, c’est apprendre à aimer sans se nier.
C’est :
- Se regarder avec tendresse et lucidité.
- Revenir à soi, non comme un repli, mais comme un ancrage.
- Oser dire non sans peur de l’abandon.
- Reconnaître les signes du déséquilibre sans les justifier.
C’est surtout déconstruire l’idée que l’amour se mérite.
L’amour sain ne se conquiert pas. Il se partage, dans un espace de réciprocité et de sécurité.
5. Un nouveau regard sur la force
Pendant longtemps, être forte signifiait tout supporter.
Mais la véritable force est ailleurs.
Elle réside dans la capacité à s’écouter.
À quitter ce qui abîme.
À refuser les miettes, même avec amour.
À croire qu’un amour serein est possible – et qu’il ne demande jamais de se sacrifier pour exister.

Guérir pour aimer autrement
Guérir, ce n’est pas devenir invulnérable.
C’est réapprendre à aimer avec conscience.
Avec choix.
Avec équilibre.
C’est accueillir un amour qui apaise plutôt qu’un amour qui consume.
Un amour qui voit. Qui tient. Qui élève.
Parce que tu n’as pas été faite pour t’épuiser en aimant.
Tu as été faite pour briller, même à deux.
Astrid
Lectures complémentaires :
- L’attachement, un lien vital – Boris Cyrulnik
- The Power of Vulnerability – Brené Brown
- Femmes qui courent avec les loups – Clarissa Pinkola Estés
- La fatigue d’être soi – Alain Ehrenberg